Contribution de l’hypnothérapie au traitement des assuétudes (tabac, alcool, drogue) et des surcharges pondérales d’origine alimentaire.

Par Jean SCHMITT

Hypnose est un de ces mots comme « aimer » et « addiction » qui s’insère dans un contexte de vue du monde et de la santé qui nous est personnel et en partie inconscient.

Il y a une logique du mot et une logique de la vie qui sont dans deux systèmes logiques différents, le mot étant toujours accompagné comme une ombre par le contexte des apprentissages qui ont donné sens, au delà du mot, à notre construction de la réalité. Comme le dit Bateson : « le mot chat ne dit pas miaou ». La vie n’est pas les mots même si nous sommes aussi des systèmes parlants, le mot assuétude ne veut rien dire s’il n’est pas relié au contexte de la personne. Coller une étiquette à quelqu’un est refuser de la rencontrer dans l’être, dans ce qu’elle est en devenir.

Ne pouvant souvent mettre en mots et partager leurs fragilités (et n’en ayant souvent même pas conscience) et ne pouvant alors se définir comme vraiment existants, nous émettrons comme hypothèse que les personnes souffrant d’assuétudes fuient inconsciemment le manque d’être à travers leurs dépendances, dans un état de conscience modifié, où elles re-trouvent une illusion de plénitude rappelant les premières relations infantiles de non séparation.

Fumer par exemple c’est inconsciemment ne pas avoir renoncé à têter sa mère : en inhalant la fumée les artères se contractent, l’arbre bronchique est irrité et ces sensations donnent un plaisir, une impression de vie, de plénitude au fumeur… mais pour la perdre dès que la fumée n’est plus inhalée et devoir alors recommencer. Le réapprentissage en hypnose du ressenti corporel apprendra à ces personnes à affronter le vide sous-jacent à leur assuétude,  à ne plus être coupés d’eux mêmes  et ainsi à construire une sensation de soi, un enracinement.

Cela nous amène à définir l’hypnose comme réassociation à une conscience d’être, une sensation d’exister. Personne ne nous dit qu’arriver à « être »  nécessite un travail qui n’est pas le travail que nous faisons avec le moi mondain auquel nous sommes identifiés : nous sommes habitués, pour avoir une impression d’exister, à faire quelque chose, à être tendus vers un but mais ainsi nous restons alors dans un mental en partie dissocié de la sensation d’exister, ce qui conduit à des conduites répétitives. Pour pouvoir  abandonner le plaisir lié à une assuétude il faut réapprendre un autre plaisir : le plaisir de ressentir mais aussi ressentir le déplaisir du tabac, de l’alcool, de la boulimie, de l’anorexie.

L’apprentissage de l’autohypnose nous apprend à « être »  consciemment dans la sensation  et grâce à cette distance intérieure,  nous apprend à cesser d’être, sans le savoir, hypnotisés par nos schémas mentaux inconscients. Changer profondément nécessite de changer de vue du monde ce qui implique de pouvoir regarder à partir d’une autre partie de soi, l’être qui apparaît dans une réassociation à ce que nous ressentons. Quand nous apprenons à faire confiance à nos ressentis (y compris les ressentis désagréables), que nous cessons de fuir, nous apprenons à retrouver confiance en ce que nous ressentons et alors nous changeons nos rapports au monde, nous retrouvons un gouvernail à notre vie. Nous apprenons à vivre et traverser  des moments de vie (de bonheur et de souffrance inévitable).

Il est à noter d’ailleurs que  nous utilisons tous spontanément cette réassociation (car entrer dans cet état modifié de conscience donne plaisir à vivre) à travers la pratique du sport, du jardinage, de la  lecture, les massages, le chant, la religion, faire l’amour, le cinéma, le théâtre… . Une étude a montré que l’état de sensation de bien être est lié à être totalement dans ce qu’on fait à un moment donné mais seulement 6% des participants à une étude récente l’identifient comme état de conscience modifié.

Il est très simple de tester cela sur vous : en vous demandant où est votre conscience mais aussi  si vous êtes ici dans le moment présent ? La grande majorité dira « dans la tête » et découvrira avec surprise qu’ils ne sont pas présents à eux mêmes et à leur environnement. Par exemple cette patiente boulimique qui dit en parlant d’une de ses crises : « j’atteins la plénitude, je ne sais plus respirer mais cela ne correspond pas à la sensation de faim et j’oublie alors complètement le monde extérieur ». Le fait de parler d’hypnose (en demandant à la personne ce que ce mot veut dire pour elle) permet donc sans en avoir l’air de commencer à recadrer toute la conceptualisation de la vie intérieure et relationnelle en resituant le jeu social et notre façade sociale dans un soi plus vaste.

Ceci nous amène à parler du stress dont le mécanisme est, on le sait maintenant, le même que celui qui se produit chez les personnes souffrant d’assuétudes. Le stress correspond à un mécanisme biochimique lié à l’axe hypothalamosurrénalien mais aussi à la sécrétion de neuropeptides et donc à une mémoire, un apprentissage, une habitude, une liaison esprit/corps.

En effet  nous avons tous des rythmes ultradiens d’unicyclicité d’environ toutes les 1h30 liés à la sécrétion des molécules messagères psychocorporelles ACTH, cortisol, B endomorphine, TSH, Hormone de croissance, insuline, testostérone… Et il y a une relation directe entre ces rythmes et une nature cyclique de la conscience. Environ toutes les heures et demie, nous passons ainsi dans un autre état de conscience (fatigue, bâillement, diminution de la concentration…) et si nous ne respectons pas ce rythme, c’est-à-dire s’il y a  perturbation de ce cycle ultradien par le stress, nous tombons malades.

C’est-à-dire que si nous ne sentons pas la nécessité de ces périodes de repos, nous serons stressés et nous mettons en route les mécanismes physiologiques de base des maladies psychosomatiques. Il est probable que ce non respect lié à une absence de conscience entraîne pour celui lié à une assuétude une habituation au stress qui devient une drogue et qui entraîne alors une mémoire liée à cet état par l’intermédiaire de neuropeptides.

Friedman, dans des études sur des animaux maintenus dans une activité permanente, montrait que l’absence de respect de ces rythmes ultradiens entraînait une prise alimentaire incontrôlée. C’est par exemple ce que beaucoup d’entre nous font dès qu’ils rentrent du travail : ils se précipitent sur une cigarette ou sur un verre d’alcool, c’est-à-dire que inconsciemment, ils doivent retrouver un rythme plus lent, rythme de cette conscience de l’hypnose-éveil à soi. Le stress peut alors être défini comme la conséquence d’une absence de référence interne à cette conscience plus lente de la transe ou à un état dissocié : ce qui va entraîner un manque de présence et de concentration. On est alors au bureau quand on est dans le jardin et inversement.

La plupart des approches holistiques de guérison psychocorporelle, comme la méditation, l’hypnose, la gestalt, le biofeedback, l’imagerie mentale, les thérapies corporelles… servent ainsi à ce que nous réapprenions à lâcher prise, à laisser se développer un état de conscience modifié où nous pouvons nous ralentir, nous reconnecter, nous recentrer biochimiquement et mentalement. « C’est en allant lentement que vous arriverez rapidement » dit ce koan zen.

Il n’est donc pas étonnant que le simple apprentissage d’une autohypnose qui utilise une induction paradoxale d’abandonner de « vouloir » pour laisser se développer les sensations, un peu comme dans le yoga, permette déjà à des obèses de maigrir ou à des boulimiques de mieux contrôler leurs crises  en diminuant le stress et en rouvrant alors la conscience au plaisir de trouver plus de sécurité dans un corps qui retrouve ses sensations.

C’est le même problème pour le tabac où est exclu de la conscience ce respect des rythmes, où le tabagique n’a pas développé d’attention ni à son comportement ni à son corps-être, et où la seule prescription paradoxale de fumer «plein temps», c’est-à-dire de ne faire que cela tout en le ressentant complètement (rester devant le cendrier sans rien «faire» d’autre) permet de diminuer la consommation de 50% en général car il prend conscience que la majorité des cigarettes fumées ne donnent aucun plaisir, qu’elles sont fumées automatiquement. (Cette prescription thérapeutique part également du fait que c’est l’action qui crée le changement de conscience et non l’explication).

Par ailleurs Pierre Janet a émis l’hypothèse que des événements traumatiques non digérables à certains moments de l’enfance entraîneraient une dissociation de la conscience, avec une amnésie, ces éléments étant alors enfouis, codés dans un inconscient psycho-corporel. Et donc, pour obtenir un changement, il sera souvent nécessaire de passer de nouveau par un état de conscience modifié, l’hypnose, qui pourra alors, dans le travail thérapeutique nous laisser nous réassocier à ces affects.
C’est par exemple l’histoire de ce patient, fumeur, qui ayant pris conscience en transe d’une contracture de la nuque, soudainement, 2 jours après, prendra conscience à travers ses larmes que c’est lié à une vieille peur depuis l’enfance face à un père autoritaire, et qu’il a eu besoin de  la cigarette à l’adolescence pour cacher sa timidité et, en même temps, il prend conscience à travers la contracture qu’il était resté figé dans un manque d’être, un stress, où le tabac ne faisait que perpétuer une attitude rigide au monde : le tabac n’était ici que le symptôme menant à une possible libération bien plus profonde.

Il y a donc une différence fondamentale entre une approche psychobiologique des états de conscience considérant le symptôme comme un signal favorisant éventuellement un développement personnel créatif et la médecine ou même la thérapie comportementale qui, en s’appuyant sur le conditionnement classique considère les symptômes comme des problèmes à éliminer.

—> Pour résumer, on peut donc dire que ces états de conscience sont au centre du problème des assuétudes et des problèmes alimentaires car :

  • biochimiquement, ces états de dépendances sont des comportements appris dans un certain état de conscience à un certain moment de la vie, apprentissages engrammés et qui ne peuvent être accessibles qu’en entrant de nouveau dans le même état;
  • comportementalement, ces assuétudes sont liées au stress qui lui-même est lié au non respect des rythmes ultradiens, non respect lié à une conscience limitée au mental (côtés de besoin de contrôle excessif ou états dissociatifs spontanés (boulimie). Ces apprentissages favorisent ainsi un comportement automatique par manque d’apprentissage conscient du plaisir de sensations liées à une conscience corporelle;
  • psychologiquement, on peut lier ces états à la notion de faux self de Winnicott et aux premières liaisons mère-enfant mais aussi à la notion de dissociation de Pierre Janet.

Dire  qu’il « faut » arrêter  pour leur santé, pour leur cholestérol ou leur espérance de vie est tout à fait exact mais c’est aussi les considérer comme des objets sans les rencontrer dans leur contexte de vie.

Nous en arrivons donc à définir l’hypnose thérapeutique dans sa dimension de thérapie comme un événement dans lequel les participants (le « thérapeute » et le « patient ») se rencontrent  dans une interaction réciproque et s’aident mutuellement à faire évoluer la situation, un processus de co-évolution où chacun participe. Il y a passage d’un système de pensée à une gestalt, forme et structure (passage d’un moi mondain à un moi transcendantal dirait Husserl) : en effet être thérapeute implique d’être allé au-delà de ses identifications inconscientes car si ces identifications restent inconscientes, elles nous empêchent de voir et donc de rencontrer l’autre dans sa différence.

On peut donc comprendre que les désordres alimentaires, l’alcoolisme et les drogues ont à voir avec le paradis perdu des premières années de la vie où ils n’ont pu vivre ce jeu de proximité avec la mère où l’un est l’autre (cette qualité de la mère qui permet à l’enfant de pouvoir être parlé qui crée le moi) et ce manque de soi crée un faux self avec des dépendances. L’hypnose en permettant, dans l’expérience de l’autohypnose, un abandon d’une trop grande cohérence imposée, créatrice du faux self, permet la réintégration d’un sens de soi. Le faux self en effet est toujours lié à une dissociation d’avec le corps, enfermement dans le mental, l’esprit devenant le lieu où se situe le sentiment de soi tout en perpétuant alors la formation originelle de l’idée d’un esprit isolé.

Outre ces notions de dissociation, d’états du moi et de faux self, l’hypnose peut aussi être appréhendée au point de vue psychologique à la fois comme un phénomène d’apprentissage, un jeu de rôle dans l’expérience behaviouriste et comme un recadrage cognitif. (Comme dit une patiente boulimique presque guérie : « Petit à petit toutes les sensations (que je ne ressentais pas) liées au mouvement de ma  respiration profonde me remplissent et rendent ma boulimie inutile car il n’y a plus de vide à remplir et, dit-elle, si j’ai encore parfois une envie boulimique, cette envie s’arrête toute seule car je peux l’observer à partir de l’autre conscience ». On pourra donc selon les apprentissages et le vécu du thérapeute parler d’hypnose éricksonienne, d’hypnoanalyse, de stratégies cognitivo-comportementalistes (Beck, Ellis).

Stratégies pratiques

Ayant ainsi décrit le paysage (paysage qui métaphoriquement correspond au cerveau droit, stratégie qui nécessite une réflexion, une mise en mots et met en route le cerveau gauche), parlons très brièvement des stratégies pratiques :

A. Les critères de dépendance sont:

  • le besoin compulsif de la substance et la perception subjective de ne pas pouvoir le contrôler;
  • les signes de sevrage, non conscientisés souvent et supprimés par une nouvelle prise;
  • un syndrome de sevrage;
  • un désinvestissement d’autres plaisirs et intérêts;
  • une absence de conscience des conséquences nocives même si on le sait rationnellement (clivage).

B. Stratégies

  1. Le problème de l’orientation dans le temps. Ces patients, en général ,n’ont pas d’orientation dans le futur et donc ne voient pas l’intérêt d’arrêter car ils ne voient (sentent, entendent) pas les récompenses obtenues par le sevrage.
  2. Stratégie de l’accentuation négative des symptômes et de déprécier le « plaisir » ou montrer, comme avec la cigarette, qu’il n’y a pas de plaisir mais que le vrai plaisir est qu’en fumant on entre dans un autre état de conscience. C’est la même chose pour l’alcoolique et le boulimique. Apprentissage du plaisir d’être en hypnose dans le corps (réapprentissage d’un moi-peau, apprentissage d’exister sans devoir « faire » quelque chose pour se sentir vivant).
  3. Stratégie de gratification de moyens alternatifs d’apaisement de la tension et de conscientisation de la différence entre la conscience ordinaire et la conscience de l’hypnose. A travers cet apprentissage, développement d’un insight sur le stress et entraînement à l’auto-hypnose.
  4. Stratégie de la décision consciente remplaçant l’assurance automatique de l’habitude (par exemple fumer à temps plein –> 50% en moins).
  5. Stratégie des changements environnementaux modifiant le contexte physique et social.
  6. Stratégie de l’auto-récompense qui provoque un renforcement de l’affirmation de soi.
  7. Prescription de tâches paradoxales (par exemple prescrire au boulimique de manger consciemment et lentement ou de prendre le temps de noter ce qu’il/elle ressent avant de commencer à manger).
  8. Rencontre souvent nécessaire aussi dans l’être et discussion éventuelle des problématiques psychiques non résolues (dépression ou sensation de vide par exemple) en hypnopsychanalyse.

Tabagisme

La revue de la littérature faite par Schwatz en 1992 trouve pour l’hypnose, dans cette indication, un taux de succès à un an de 13 à 88 %, comparable aux autres méthodes de cessation tabagique. Taux de succès variable, bien sûr, en fonction du contexte psychologique du patient et de l’expérience du thérapeute mais qui dans notre expérience se situe plus près des 70% (en sachant que, parfois, si le tabac est associé à un mal être plus profond, celui-ci doit être rencontré).

Quel est l’intérêt de l’hypnose ?

Les sujets décrivent souvent le tabac comme quelque chose qui les détend (on sait que physiologiquement c’est juste le contraire).

  • Pratiquement leur demander de devenir conscients : fumer à plein temps (cf. ante).
    Ceci permet un recadrage parlant de la conscience, des consciences, des états du moi et expliquant l’hypnose positivement et permet de commencer à rompre les chaînes associatives.
  • En général, ils ont des raisons négatives d’arrêter de fumer mais peu de raisons positives. Un travail en hypnose dans le futur est souvent donc nécessaire, travail qui explorera alors l’inscription corporelle agréable et renforcera le moi et la motivation.
  • Renforcement négatif des sensations corporelles liées au tabac.
  • Une régression en âge en hypnose permettra de retrouver le contexte et les sensations de déplaisir  de la première cigarette (et les aspects dépressifs éventuels ou de manque de confiance éventuels).
  • Travail important sur la conscience de la relaxation en hypnose et sur le stress.
  • Association éventuelle avec des patchs à la nicotine recadrés comme aide surmoïque paradoxalement.
  • Abord de la dimension éventuelle de vide et de dépression sous-jacente.

Alcoolisme

Il n’y a pas de statistiques fiables dans la littérature. On sait que l’alcoolique est classiquement une personnalité passive, dépendante à la recherche d’un surmoi qui nous renvoie à un manque fondamental et qu’il présente une dimension dépressive souvent marquée. La thérapie sera toujours à plusieurs niveaux (individuel, familial et dans le contexte social et professionnel avec prescription très souvent d’une aide médicamenteuse).

L’hypnose et surtout ici la relation hypnotique de transfert maternel permet à l’alcoolique de revivre une situation fusionnelle et permet de retrouver ici en toute sécurité un état préverbal de sécurité.
L’hypnoanalyse a donc ici un rôle qui ira bien au-delà de la suppression du symptôme. Harriman en 1966 a trouvé chez les alcooliques un haut score d’hypnotisabilité et Hilgard (1977) a montré également que l’urgence du besoin pour l’alcoolique en période de sevrage est liée à un état de dissociation.

Obésité

Il n’y aura vraiment des résultats (outre bien sûr un régime diététique équilibré) que quand l’obésité est liée à un besoin de grignotage ou à des comportement boulimiques, bien que de nombreux auteurs et notamment Cohen en 1979, Crasilnek 1976, Cheeck 1968, Kroger 1976 et d’autres trouvent un pourcentage de succès (amaigrissement notable et durable) de 80 à 85 % avec diminution du poids en moyenne de 5kg sur un an sur une population non sélectionnée.

Techniques utilisées:

  • Auto-hypnose.
  • Projection dans l’avenir et changement.
  • Visualisation du corps et de l’image du corps et création d’un soi-peau-corps.
  • Renforcement du moi.
  • Suggestion notamment sur la lenteur de manger (manger consciemment) et sur le plaisir (apprendre à être dans le moment présent).
  • Importance des motivations positives.
  • Suggestions paradoxales.

Boulimie

  • Importance de la constatation que ces patientes ont une capacité dissociative (hypnotisabilité) supérieure à la moyenne selon diverses études.
  • Indécision face à la vie et à des décisions (le partenaire n’est pas celui qu’elles désirent, travail insatisfaisant, peu de plaisir social).
  • Importance des troubles thymiques et notamment d’une dépression masquée, de l’ambivalence de la lutte envers la nourriture.
  • Souvent considérée comme un avatar de l’hystérie, la nourriture étant alors ce qui rendra le corps non dissocié, comblant le vide entre les deux parties.
  • Souvent associée à l’anorexie.

Techniques

  • Auto-hypnose centrée sur le corps, la relaxation, les sensations et prise de conscience de la dissociation.
  • Remplacer le manque par la sensation de plénitude dans le ventre par l’inspiration profonde comme en yoga.
  • Comme la boulimie est un passage à l’acte, la conscience du corps et de la relaxation permettra de rétablir une conscience non dissociée.
  • Régression et progression en âge en hypnose comme pour l’obésité.
  • Etablir un agenda et noter les aliments ingérés.
  • Manger plein temps et consciemment (ils font toujours quelque chose en même temps qu’ils mangent).
    L’expérience de dissociation en hypnose sera encore ici essentielle et on insistera pour que ces patients expérimentent le différence entre leur état habituel et cet état de conscience « en hypnose » pour pouvoir ainsi réassocier ce travail au conscient habituel (M. Erickson disait qu’autrement, ce serait comme faire une appendicectomie sans refermer l’incision).

Anorexie

L’hypnose n’est pas une technique particulièrement indiquée mais il y a quelques publications de thérapies terminées avec succès en hypnose dans la littérature (succès relatif bien sûr avec des anorexiques).

On sait que ces patientes ont des traits perfectionnistes, une altération de l’image du corps, une hyperactivité, une incapacité à se relaxer, un comportement obsessionnel (« elles n’ont jamais le temps de sentir les fleurs ») avec souvent par ailleurs une grande intelligence cognitive favorisant un contre-transfert positif. Elles ne présentent pas une hypnotisabilité supérieure à la moyenne contrairement aux boulimiques.

On s’oriente ici plus, après échec de prise en charge en thérapie familiale, vers des techniques d’hypnoanalyse.

Drogues

Je n’en ai pas d’expérience. Dans  la littérature on trouve  5 publications concernant l’application de l’hypnose : quelques cas de thérapie individuelle concernant des cocaïnomanes et une étude comparative de l’hypnothérapie et de la psychothérapie pour le traitement de patients addictifs à la méthadone (Manganiello 1984). Cette étude fait elle-même référence à une revue de la littérature faite par Bourne en 1975 et qui trouve 4 approches différentes :

  • renforcements négatifs (anxiété, nausées);
  • gratification substitutive en transe en vivant l’expérience de prise de drogue;
  • diminuer les symptômes de stress et d’anxiété qui, comme on le sait, sont liés à la dépendance;
  • technique de relaxation.

Manganiello, dans une étude expérimentale utilisant l’hypnose avec un groupe témoin, a trouvé des différences significatives dans le taux d’arrêt ou de la diminution de la méthadone, d’usage d’autres drogues ou d’inconfort.

On ne peut donc pas vraiment conclure devant la pauvreté des publications.